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Si c’était à refaire ? (le mot du capitaine)

Irma est un ouragan exceptionnel, il est né au large du Cap Vert et à grossi très vite pour devenir un ouragan majeur alors qu’il n’était encore qu’au milieu de l’Atlantique. Le long de sa route vers l’ouest, il a continué à prendre de la puissance, alimenté par des eaux à 29 degrés. Les services météo américains l’ont pisté très tôt et ont envoyé des avions de reconnaissance quasi quotidiennement. La multitude de sites spécialisés sur les cyclones nous a permis d’être informés de son évolution et des prévisions concernant sa trajectoire matin, midi et soir. Au fur et à mesure que l’échéance approchait, Irma devenait l’unique sujet de conversation au Marin : grand comme la moitié de la France, 915 hpa, des vents à 360 km/h, l’ouragan le plus puissant jamais observé en Atlantique ! 

Le monstre faisait route vers nous, il était prévu qu’il nous frôle en infléchissant sa trajectoire vers le nord-ouest au dernier moment. Mais l’incertitude existait : Et si le virage n’avait pas lieu ? Et s’il avait lieu un peu plus tard que prévu ? Que faut-il faire ? Partir au sud ou rester ici en serrant les fesses ?

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Les choix dépendent des équipages, des bateaux et de leur place au port ou au mouillage.Le mouillage du Marin est réputé pour être un très bon « trou à cyclone », enfoncé loin dans la baie et protégé par la mangrove et les hauts fonds. Mais au fil des ans, des bateaux non entretenus se sont accumulés jusqu'à devenir des semi-épaves flottantes. Les bateaux habités aux mouillages craignent les dégâts que pourraient provoquer ces « bateaux béliers » dans le cas où ils rompraient leurs chaînes.

C’est pourquoi certains bateaux au mouillage ont choisi de ne pas rester ici et de faire route vers le sud.

Partir quelques jours avant l’arrivée du cyclone permet de descendre avec des conditions clémentes, sans le stress d’avoir le monstre aux trousses. Oui, mais à ce moment les prévisions de trajectoires ne sont pas encore fiables, et si l’idée lui prenait de faire du sud ?…

Partir un jour ou deux avant l’arrivée du monstre permet d’être plus confiant dans les prévisions de trajectoire cyclonique et de choisir un endroit qui sera à l’abri. Oui, mais dans ce cas il n’y a plus de vent, l’ouragan aspire tout, c’est le fameux « calme avant la tempête ». Pour nous cela aurait signifié descendre au moteur au milieu des bancs de sargasses, et en cas d’avarie, se retrouver complètement exposés, à la dérive et très vulnérable. C’est le choix qu’on fait certains, avec des bateaux légers, bien équipés en toile de petit temps, Ils ont réussi à rejoindre les Grenadines dans les petits airs. Sur place, ils ont été bien malmenés par la houle d’Irma qui génère des vagues de secteur ouest et rend dangereux ce qui est habituellement un abri. Irma continuant sa route vers le nord, la houle est passé nord-est sur des centaines de kilomètres, rendant très difficile la remontée vers la Martinique. Et puis dans quelques jours ce sera le tour de José, ouragan majeur qui talonne Irma. Ceux qui sont partis vers le sud devront attendre que la situation s’éclaircisse avant de pouvoir revenir. Et si les conditions ne s’améliorent pas, cela peut prendre plusieurs semaines a cette époque… 

La plupart des bateaux qui, comme nous, ont eu la chance d’avoir une place au port pour la saison cyclonique, ont choisi de rester. La manière de se préparer au passage d’Irma à en revanche été très variée :

Il y a ceux qui avaient une confiance absolue dans les prévisions de trajectoire , sans envisager de risque statistique (ce en quoi ils ont eu raison, cette fois-ci)

Il y a ceux qui trouvent que le rhum est bon, qu’il fait chaud, et que c’est fatigant de s’agiter sur le pont

Il y a les fatalistes qui se disent qu’il n’y a besoin de rien faire si le cyclone nous épargne et qu’on est totalement impuissant s’il ne nous épargne pas

Il y a quelques ravis de la crèche qui n’ont tout simplement pas compris ce qui se passait

Et puis il y a la majorité des plaisanciers qui ont préparé leur bateau à affronter, non pas ce qui était annoncé, mais ce qui aurait pu arriver en cas de virage un peu tardif dans la trajectoire de l’ouragan. Nous avons préparé le bateau pour des conditions de tempête tropicale : démonté tout ce que l’on pouvait pour limiter la prise au vent, multiplié les amarres pour résister à d’éventuelles entrés de houle dans la baie, installé des protections contre les chocs et le raguage un peu partout, amarré solidement tout ce qui était stocké a l’intérieur, débranché, fermé les vannes, le gaz et les coupe-circuits… Puis nous sommes partis dormir à terre , équipés pour soutenir un siège comparable à celui que la mousaillonne a subi il y a dix ans lors du passage de Dean.

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Au final nous avons été épargnés par Irma. Les prévisions météo se sont avérées incroyablement précises cette fois-ci : le monstre est parti ravager les îles du Nord, ne faisant que nous effleurer. Alors, que fallait-il faire ? La question va se poser à nouveau dans quelques jours avec le passage de José, même si la menace est moins importante pour nous. Eh bien la réponse est : « Je ne sais pas ». Chacun fait ses choix, et une fois prises, les décisions doivent être assumées jusqu’au bout. Il faut garder présent à l’esprit que rester dans les Antilles en période cyclonique présente un risque. Mais dans quelques semaines, ce risque sera passé et nous serons bien heureux de déplacer notre gros Ruzé vers le joli mouillage de Saint Anne, de se lever le matin et de plonger dans une eau transparente… vivement la quille !!!

 

Commentaires

  • J'ai bien pensé à vous ces derniers jours - ravie de lire que vous avez été épargnés. Je croise les doigts pou qu'il en soit de même dans les semaines à venir, et que vous puissiez bientôt profiter des belles eaux turquoises.
    Gros bisous

  • Bon ben un grand soupir de soulagement !!!! On a bien pense à vous ces derniers jours, j'étais impatient d'avoir de bonnes nouvelles!
    C'était quand même un monstre...
    On vous embrasse bien fort.

  • Salut les Mauriciens, on espère que l'Indien sera plus calme que l'Atlantique à la saison prochaine… C'est quand la période des cyclones chez vous ? Les bises.

  • Ouf !

    Par contre ici la pénurie de beurre pour cette année va entraîner une hausse du prix des viennoiseries..

  • Cool d'avoir d'aussi bonnes nouvelles !
    Bises à vous deux.
    Anaïs

  • Le type qui a traversé en pédalo à bien fait d'arriver avant les cyclones... comme quoi on peut passer ses journées à pédaler et pas être trop con....
    Vosrrrrrrrrrrrrraces !

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